Jésus a façonné Marie par ses mains crucifiées

Homélie du 8 décembre 2023

Solennité de l’Immaculée Conception

 

C’est avec ses mains crucifiées, c’est avec ses mains portant les traces de sa passion, que Jésus a façonné sa mère pour qu’elle soit sainte et immaculée. C’est avec ses mains crucifiées ! Mais me direz-vous, comment cela est-il possible, puisque la crucifixion a eu lieu après la conception de Marie ? « Rien n’est impossible à Dieu ! » vous répond l’Ange Gabriel. Dieu est au-dessus du temps ! Aussi ses mains peuvent-elles plonger, au moment où Jésus meurt sur la Croix, pour recueillir la grâce de la Passion et l’emmener quelques décennies plutôt dans le temps, pour que, pour la première fois depuis le péché d’Adam et Eve, un être humain, ici Marie, puisse être à nouveau en son origine, Sainte et Immaculée. Au tout début de l’histoire de l’humanité, c’est avec leurs mains divines que, la Trinité Sainte, façonnèrent Adam et Eve dans une sainteté, une pureté, une justice sans pareille. Et lorsqu’est venu le moment de donner chair à Marie, c’est avec les mains humaines de Jésus portant les traces des clous qu’elle fut façonnée. Vous imaginez ce que ce fut pour le Fils de façonner ainsi sa mère, d’entrevoir par avance le grand miracle que produirait sa croix dans l’histoire humaine. Ce sont ces mêmes mains crucifiées de Jésus qui ont façonné l’Eglise Sainte et Immaculée et qui façonnent, et qui façonnent chacune de vos âmes. Ce n’est pas n’importe quelles mains, frères et sœurs, ce sont des mains qui portent les séquelles de la Passion. Quand Jésus fut sur la croix, il a porté dans ses mains la totalité du péché de l’Univers. Cette totalité avait la forme d’une pyramide inversée. La pointe de la pyramide était sur les paumes des mains de Jésus. Ce poids immense de péchés aurait dû anéantir les mains de Jésus,- elles n’ont gardé que la trace de la pointe -, mais il a opposé à ce mal un poids plus grand, plus puissant et définitif de justice, de bonté, de sainteté. A l’immensité de nos désobéissances, il a opposé une obéissance plus grande. A la totalité de nos disputes, de nos divisions, de nos guerres, il a opposé un poids plus grand de paix, etc. Ce sont ces mains-là, ces mains qui savent mieux que nous ce qu’est le mal, ce sont ces mains-là qui façonnent Marie en son immaculée conception, qui façonnent l’Eglise sainte et sans tache et qui pétrissent chacune de nos âmes pour qu’elles puissent être enfin libres de tous péchés, de tous désordres, de toutes compromissions, de toutes malices pour retrouver la beauté, la grâce, la sainteté avec laquelle Dieu désire nous accueillir.

 

Ses mains sont tellement puissantes que l’Eglise n’a rien à craindre.

Le pouvoir de la Mort ne l’emportera pas sur elle dira Jésus à saint Pierre en lui remettant les clés. Nous nous inquiétons souvent de ce que peut devenir l’Église, notre Eglise diocésaine, nos paroisses, cette inquiétude est un manque de foi. L’Eglise est promise à l’éternité bienheureuse, elle perdra des batailles, mais elle gagnera la guerre. C’est certain ! Le Christ le sait en regardant ses mains.

Par contre, il y a une inquiétude qui parfois nous manque : celle qui habite le cœur du Christ, lorsqu’il dit le Fils de l’homme quand il reviendra sur terre, trouvera-t-il la foi ? Il trouvera l’Eglise, mais trouvera-t-il la foi ? La trouvera-t-il dans mon cœur, dans vos cœurs, dans le cœur du plus grand nombre et pourquoi pas de toute l’humanité ? Nous nous épuisons, dans des discours, des conversations de comptoir de café ou de salon de thé, à discourir sur l’Eglise, alors même que Jésus a réglé la question une fois pour toute : Je la façonne Sainte et Immaculée, elle sera assise auprès de moi pour l’éternité dans le Ciel. Conversations inutiles donc ! Mais Jésus s’attriste que nous ne nous inquiétons pas de la propagation de la foi, de sa diffusion dans la totalité de notre être et dans la totalité de l’humanité. Voilà ce qui appelle à regarder notre fête de ce soir d’un œil renouvelé. La fête de l’Immaculée Conception annonce que des mains divines peuvent sauver chacun de nous, chaque être humain, lui donner un devenir irréprochable et heureux pour l’éternité. Qui le croit profondément parmi nous et qui le diffuse autour de lui ? Ce qui devrait être le cœur de nos conversations, de nos projets, c’est la grâce. La grâce, c’est cette manière qu’a Dieu avec ses mains crucifiées de s’approcher de chacun pour lui faire grâce, pour lui redonner grâce à ses yeux.

 

Le Salut, c’est l’œuvre de la grâce, c’est-à-dire de cet élan amoureux du cœur de Dieu qui décide de prendre à pleines mains le poids de nos misères pour le réduire à néant. Il faut toujours penser que la Croix, si vous l’inversez, elle ressemble à une épée. La Croix est l’épée de la victoire de Dieu. Le Salut, c’est Dieu qui nous fait la grâce de nous saluer. « Je te salue Marie, je te salue Pierre Antoine, je te salue Marguerite ! » Ce n’est pas un simple bonjour, c’est une manière d’entrer en contact, mieux en relation, non mieux, en communion avec chacun de nous. Si Jésus se fait chair dans le sein de Marie, c’est pour donner à voir qu’il veut abolir toute distance de cœur et de corps entre Dieu et l’Homme. Et si Jésus se fait Eucharistie sous l’aspect du pain, c’est pour montrer qu’il va venir non pas seulement à côté de nous, mais en nous, pour qu’il n’y ait plus de séparation, de distance entre Lui et chacun de nous. C’est cela la manière divine de nous saluer, d’entrer en communion, de sceller l’Alliance. Et ça a coûté cher à Dieu que de débroussailler le terrain, le chemin épineux, qui nous séparaient de lui. Il a pris à pleines mains, toutes les ronces du chemin, les arrachant une à une pour pouvoir demeurer au plus intime de chacun de nous. Lorsque tout à l’heure, vous verrez les mains des prêtres vous donner la communion, puissiez-vous voir les mains crucifiées de Jésus qui ont forcé les portes scellées de vos cœurs, arraché les ronces, ses mains qui ont gardé les séquelles pour pouvoir être en vous. Et vous imaginez cette Bonne Nouvelle que nous pourrions répandre, si au lieu de parler du devenir de l’Eglise, nous puissions annoncer à ceux qui nous sont proches que Dieu veut demeurer en nous.

 

Le Salut, c’est non seulement saluer, mais c’est aussi sauver, arracher aux eaux de la Mort, au buisson d’épines du Péché Originel, c’est arracher toutes ces mauvaises herbes qui poussent en chacun de nos cœurs que sont nos péchés, mais c’est aussi redresser ce qui est faussé, réchauffer ce qui est froid, mater le péché pour que la clarté de la sainteté, la pureté de la sainteté puissent se diffuser et conquérir chaque fibre de notre être. J’ai toujours été impressionné enfant, adolescent et jeune adulte par les mains de mes grands-parents, mains d’agriculteur, mains de jardinier. Ces mains avaient pris une forme particulière tant elles avaient mis de l’énergie à nettoyer les jardins et à faire pousser de beaux fruits.

C’est ça les mains transpercées de Jésus, des mains qui se battent pour nous !

 

Qui d’entre-nous tend la main à nos contemporains pour leur dire non seulement qu’ils sont salués de Dieu, mais que Dieu veut les libérer de leur laideur et de leur tristesse, de leur honte et de leur détresse ? N’est-ce pas ce qu’ils attendent ceux qui nous entourent ?

Bien sûr qu’une paroisse doit se doter de projets pastoraux, bien sûr qu’une paroisse doit s’organiser, mais c’est toujours pour que l’eau de la grâce puisse venir dans ces jardins envahis de mauvaises herbes que sont le péché, dans ces terres rendues quelque peu incultes par le Péché Originel. Dieu, frères et sœurs, a besoin de vos mains, de mains qui acceptent d’être une humanité de surcroît pour Jésus crucifié, des mains qui acceptent d’être transpercées pour offrir la grâce de Dieu.

Quand vos mains rendent service, quand vos mains prient, quand vos mains vous sortent de votre canapé dans lequel vous êtes avachis, elles deviennent les mains du Crucifié qui sauvent le monde, qui façonnent une Eglise Sainte et Immaculée. Vos mains d’écoliers, vos mains d’étudiants, vos mains de professionnels, vos mains d’enfants, vos mains de scouts, vos mains d’époux peuvent participer à ce mystère des mains du Christ qui ont eu joie à façonner l’Immaculée Conception et qui ont joie à façonner l’Eglise Sainte et Immaculée et chacune de nos âmes. Est-ce que vous voulez bien, que vos mains deviennent les mains du Christ ? Est-ce que vous voulez bien, si vous me permettez cette audace, poursuivre l’œuvre de l’Immaculée Conception ?

 

Frères et sœurs, les mains du Christ ont opposé à l’immensité du mal, un poids plus grand encore de sainteté. Ces mains avec émotion ont façonné Marie, ces mains désirent vous façonner. C’est cela la foi qui vous est demandée : croire, pas seulement que Dieu existe, pas seulement les vérités du Credo – je vous encourage à les croire – mais croire au sens de donner à Dieu votre assentiment pour qu’il vous refasse à neuf et qu’Il utilise vos mains pour sauver l’humanité.

 

Frères et sœurs, est-ce, ce soir, votre acte de foi ?

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