« Avec Dieu, tout est possible »
Dimanche 12 mai, à l’occasion de la première édition des Journées Mayennaises de la Jeunesse, Mgr Matthieu Dupont, lors de la messe de clôture à inviter les jeunes à recevoir Jésus dans leur coeur pour pouvoir l’annoncer au coeur du monde.
Nous vous proposons de (re)découvrir l’homélie de notre évêque.
« Toi, Seigneur, qui connaît tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi ? » (Ac 1, 24).
« Toi, Seigneur, qui connaît tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi ? » (Ac 1, 24).
« Toi, Seigneur, qui connaît tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi ». C’est par ces paroles entendues dans la première lecture que saint Pierre, dans un bel acte de foi, s’adresse à Dieu pour choisir celui qui va prendre la suite de Judas qui est parti à sa perte. « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs » : c’est avec ce mot de « cœur » que j’aimerais simplement, avec vous ce matin, scruter la façon dont Dieu agit dans nos vies et les appels qu’il nous envoie. D’abord, en reconnaissant que Dieu veut demeurer en nos cœurs ; puis, en reconnaissant que Dieu est présent au cœur de l’Eglise ; enfin, que nous sommes appelés à aller au cœur du monde : notre cœur, le cœur de l’Eglise, le cœur du monde.
Notre cœur. Dieu demeure en nous depuis le jour de notre baptême. Dieu habite dans chacun de nos cœurs, et ce n’est pas qu’une image, c’est la réalité existentielle de nos vies. Dieu y est présent, mais Dieu y est discret. Dieu n’est pas celui qui s’impose ; Dieu est celui qui attend que nous lui ouvrions notre cœur pour révéler sa présence. Je crois, j’en suis sûr, très chers jeunes, que pendant ces quelques jours, vous avez osé faire tomber les barrières, les masques, pour que la présence de Dieu en vous puisse être sensible.
Que nous dit saint Jean dans la première lecture ? « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous […] Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui ». Deux aspects, le premier : nous aimer les uns les autres. Dieu se manifeste dans l’amitié fraternelle entre nous et avec Jésus, ce dont je vous ai parlé le premier jour, c’est le secret de la présence de Dieu dans nos cœurs. Le deuxième aspect : proclamer que Jésus est le Fils de Dieu. Certains parmi vous se préparent à la profession de foi, d’autres l’ont déjà faite, d’autres encore se préparent à la confirmation. Chaque dimanche, nous disons « Je crois en Dieu », en proclamant la foi, Dieu demeure en nous. Deux chemins qu’il nous faut tenir : l’amitié fraternelle et la foi proclamée, pour percevoir Dieu présent en notre cœur.
Dieu est présent en nous, soyez-en sûrs, vous l’avez expérimenté. Et Dieu est présent au cœur de l’Eglise. Le même saint Jean nous dit dans l’Evangile : « Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom ». L’Eglise que nous formons, l’Église qui est ce rassemblement ici, un peu exceptionnel pendant 3 jours, est manifestée à chaque fois que nous nous réunissons le dimanche pour fêter la mort et la résurrection de Jésus. Cette Eglise, elle est belle, car cette Eglise, elle est marquée par la diversité de nos provenances. Nous ne sommes pas tous ici de Laval, nous ne sommes pas tous de Mayenne, ni de Château-Gontier, ni de Pré-en-Pail, ni d’Ernée, ni de Craon ou d’ailleurs. Nous sommes tous ensemble du diocèse de Laval, de cette belle Eglise de Laval. Et le rassemblement que nous avons vécu, nous l’avons vécu non pas parce que nous sommes sympathiques, non pas parce que tout était bien organisé, non pas parce qu’il y avait des témoins. Nous l’avons vécu au nom de Jésus-Christ. Ici, ce qui nous unit, c’est la foi en Jésus-Christ, et c’est la beauté de l’Eglise, cette Eglise au cœur de laquelle Jésus se rend présent.
Si j’osais dire, l’Eglise est le plus beau cadeau que Dieu ait fait à l’humanité car l’Église, marquée par nos imperfections, nos limites, nos faiblesses, notre péché personnel, en son cœur, Jésus est présent. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». Nous sommes un peu plus que deux ou trois, mais deux ou trois suffisent.
Cette présence de Jésus au cœur de l’Église, elle n’est pas pour nous ! C’est un cadeau pour l’humanité, c’est un cadeau pour ceux que nous allons rejoindre demain, après-demain. Nous avons expérimenté ensemble la présence de Jésus qui nous a unifiés. Le Concile Vatican II, un rassemblement d’évêques il y a plus de 50 ans, disait que « l’Église est […] le sacrement de l’unité de tout le genre humain ». Dans l’Église, nous sommes comme unis par une foi mystérieuse en ce Dieu d’amour qui s’est fait homme et qui nous donne l’Esprit Saint.
Ainsi, Jésus est présent en notre cœur depuis le jour de notre baptême. Il est présent en notre cœur par l’amitié partagée et la foi proclamée. Jésus est présent au cœur de l’Eglise, c’est lui qui nous unifie pour les autres car nous ne sommes pas appelés à rester entre nous. C’est sympathique, mais ce n’est pas ce que Jésus veut.
Jésus nous envoie au cœur du monde. Il est présent en notre cœur, il est présent au cœur de l’Eglise, pour le monde. Ainsi, nous avons entendu dans l’Évangile, Jésus lui-même dire : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde ». Nous avons aussi entendu comment Pierre, après la Pentecôte, dans la première lecture, a cherché à remplacer Judas, et quel était le critère : qu’il soit « témoin avec nous de la résurrection ». A l’époque de Pierre, combien étaient-ils ? 120. Combien sommes-nous ? 700. Ils étaient 120, et ils ont évangélisé le monde entier. Nous sommes 700, et nous avons comme mission d’évangéliser la Mayenne. L’objectif est plus réduit, mais il nous faut le recevoir.
Comment évangéliser ? Demain, lorsque l’on verra que vous êtes un peu fatigués, ou mieux, lorsque l’on verra que vous êtes un peu bronzés et heureux, on vous demandera : « Qu’avez-vous fait ce week-end ? » Et vous direz ce que vous avez fait. Vous direz : « Nous avons vécu ce rassemblement. Nous avons été heureux de le vivre ». C’est cela être envoyé. J’ai besoin de chacun d’entre vous ici, jeunes, animateurs, parents, famille, pour que ce témoignage soit porté au monde.
Jésus appelle. Jésus appelle dans notre cœur, au cœur de l’Eglise, pour le cœur du monde. Il appelle certains parmi nous à devenir prêtres, prêtres au service de l’Église de la Mayenne, prêtres du diocèse de Laval, par amour du Christ, et j’oserai dire, amour de nos territoires, de notre terre. Certains parmi nous se sentent peut-être appelés à répondre à cet appel, au service des autres, en consacrant leur vie à l’annonce de l’Évangile au cœur du monde pour Jésus.
Ce service est déjà rendu par ces prêtres qui sont présents autour de moi, que vous avez côtoyés, ceux qui sont ici et tous ceux qui sont passés durant ces jours. Ils ont donné leur vie pour que vous puissiez goûter la vie de Dieu. C’est une belle vocation de devenir prêtre, et je peux en témoigner, au milieu de vous. Alors, n’ayez pas peur de rendre votre cœur disponible à l’appel à devenir prêtre, religieux, religieuse, à cet appel à vivre l’amour humain dans le sacrement du mariage.
Avec Dieu, tout est possible. « Dieu n’enlève rien, Il donne tout » nous disait le pape Benoît XVI à l’ouverture de son pontificat. Alors, dans les quelques instants qui viennent, je vous invite à oser une nouvelle fois aller au cœur, aller dans votre cœur, au cœur de l’Eglise, pour le monde. Dans votre cœur, osez vous lever intérieurement, osez dire au Seigneur : « Fais-moi signe, je veux te suivre pour mon plus grand bonheur ». Que le Seigneur réalise en vous ce qu’il a prévu, et que nous puissions, avec vous, être à votre service. Amen.