Le diocèse de Laval dans l’Histoire de l’Eglise
Concile Vatican II – Crédit Photo : ©wikipedia
Il y a 59 ans, le lundi 9 novembre 1964, Mgr Jacques Guilhem prenait la parole devant les évêques du monde entier à l’occasion du Concile Vatican II.
Comme tous les évêques de l’Eglise catholique, Mgr Jacques Guilhem a été convoqué, par le Pape Jean XXIII, pour participer au Concile Vatican II dont le but était « d’apporter un peu d’air pur dans l’Eglise *». Ainsi, dans la grande basilique Saint-Pierre de Rome, Mgr Jacques Guilhem avait, un siège, du côté droit en regardant l’autel papal, afin d’assister et participer à cette grande réunion qui a marqué l’Histoire de notre Eglise.
Le concile œcuménique Vatican II avait pour objectif de renouer le dialogue avec les autres branches du christianisme : il était donc tourné vers l’unité des chrétiens. Cette réunion avait également la volonté de s’adresser au monde entier et non seulement aux catholiques pratiquants : c’est pourquoi la troisième constitution pastorale du Concile Vatican II appelée Gaudium et Spes (Joie et espoir) aborde davantage des questions morales et de bonnes conduites plutôt que des questions dogmatiques.
C’est dans ce contexte que Mgr Jacques Guilhem, a été choisi pour prendre la parole devant pas moins de 2500 évêques concernant la question de la guerre atomique. Son intervention a été préparée en collaboration avec le secrétariat général de l’épiscopat français, puis traduit en latin sur un sujet d’actualité qui angoissait le monde entier et face auquel l’Eglise ne pouvait se taire (Act 4, 20). Dans son intervention, Mgr Jacques Guilhem propose aux hommes du XXème siècle quelques mises en garde, à la lumière de l’Evangile, afin de les aider à écarter la menace du péril atomique. Le Concile Vatican II affirmera ainsi, grâce à l’évêque de Laval et ses collaborateurs, qu’aucun principe moral ne justifie l’utilisation de ces armes atomiques et qu’en aucun cas, la peur de son utilisation ne doit être le fondement de la paix. Les sociétés doivent davantage privilégier la compréhension mutuelle et le dialogue. L’Eglise catholique ne condamne pas ainsi les recherches scientifiques dans le domaine atomique mais encourage l’établissement d’un code de déontologie professionnelle afin que les progrès scientifiques soient tournés vers le bien des hommes. Le rôle du chrétien est donc de travailler à la suppression progressive et universelle des armes atomiques sans condition afin d’accomplir sa mission de « sel sur la Terre » (Mt 5,13).
Mgr Charles GUILHEM, évêque de Laval entre 1962 et 1969.
Il témoigne
Convaincu de l’urgence de prise de parole de l’Eglise sur ce sujet, l’évêque de Laval avait partagé le fruit de ses recherches avec ces diocésains dans une lettre pastorale appelé « Le Péril atomique » publiée en mars 1964. Il y a donc eu 8 mois entre sa lettre pastorale et sa prise de parole au Concile. Le lien des mayennais avec ce Concile ne s’arrête pas là puisque Mgr Jacques Ghuilem adressait régulièrement des lettres aux diocésains pour rendre compte des travaux et des avancés du concile afin que chaque chrétien puisse comprendre le bouleversement que l’Eglise était en train de vivre.
Père Roland Courné, à l’époque séminariste du diocèse de Laval se souvient :
» J’ai été ordonné prêtre fin 1964, donc peu de temps après l’intervention de Mgr Guilhem à Rome. Avec l’aide de quelques prêtres, Mgr Guilhem avait fait une lettre sur le « péril atomique ». Cette lettre avait fait du bruit en Mayenne. C’est sans doute ce qui explique que c’est Mgr Guilhem qui a été choisi pour intervenir sur ce sujet au Concile. Les Mayennais étaient fiers de cette intervention de leur évêque. Par ailleurs il faut dire que ce qui se passait au Concile était pris en compte de façon abondante par la presse nationale. Beaucoup de grands journaux avaient des correspondants qui suivaient de Rome chacune des sessions du Concile. La Constitution « L’Eglise dans le monde de ce temps » a toute une section dont le titre est « Eviter la guerre ». Ce sont les numéros 79 à 82. Les propos de notre évêque sont bien dans le sens de ce que le Concile a écrit au numéro 82: » Tous doivent travailler à mettre enfin un terme à la course aux armements. Pour que la réduction des armements commence à devenir une réalité, elle ne doit certes pas se faire d’une manière unilatérale, mais à la même cadence, en vertu d’accords et être assortie de garanties véritables et efficaces ». Mgr Guilhem n’a pas fait plaisir à tout le monde par son intervention. Sa famille avait des liens avec la famille de Gaulle. On m’a dit que le général de Gaulle avait fait savoir à notre évêque qu’il regrettait sa prise de position sur le « péril atomique ». Il n’en reste pas moins que ces paroles du Concile (N° 80) ont encore toute leur pertinence : » Si l’on utilisait complètement les moyens déjà stockés, dans les arsenaux des grandes puissances, il n’en résulterait rien de moins que l’extermination presque totale et parfaitement réciproque de chacun des adversaires par l’autre, sans parler des nombreuses dévastations qui s' »en suivraient dans le monde et des effets funestes découlant de l’usage de ces armes ».. Oui, il faut lire et relire les documents du Concile Vatican II, c’est d’une grande richesse. Un grand merci à notre ancien évêque, Mgr Guilhem pour ses paroles courageuses et vraies.
Père Roland COURNÉ, ordonné prêtre en 1964 par Mgr GHUILHEM, en plein Concile Vatican II
Qui était Mgr Guilhem ?
Né à Paris en 1897, ordonné prêtre en 1924 Jacques Guilhem fut un valeureux combattant de la Somme et de Verdun.
Évêque de Laval de 1962 à 1969, il a favorisé la construction de trois nouvelles églises : Saint-Paul, Saint-Jean et Sainte-Thérèse, dans des quartiers qui étaient à l’époque en pleine extension.
Mgr Jacques Guilhem est inhumé dans la cathédrale Laval.