A Lourdes, il y a un appel pour notre diocèse !

Jeudi 25 avril, lors de notre pèlerinage diocésain à Lourdes, Mgr Matthieu Dupont, à l’occasion de la messe diocésaine, à inviter les mayennais à suivre un chemin spirituel afin d’accomplir notre mission, celle d’annoncer, à la suite des apôtres, l’Evangile.
Nous vous proposons de (re)découvrir l’homélie de notre évêque.

« Aux humbles Il accorde sa grâce »

C’est par ces mots que Saint Pierre exhorte les destinataires de sa lettre, lui qui est à Babylone, c’est à dire Rome, au cœur de l’Empire Romain : « Aux humbles, Il accorde sa grâce ».

J’aimerai avec vous, avec les textes de ce jour, réaliser un parcours spirituel simple : passer d’une attitude d’humilité afin d’accueillir une force, la grâce, et ainsi recevoir une mission.

 

Une attitude, une force, une mission.

D’abord cette attitude comme nous dit saint Pierre « Prenez l’humilité comme tenue de service ».

Nous le savons l’humilité vient de la terre : humus. Être humble c’est quelque part accepter de s’abaisser et je me souviens d’une religieuse, sœur de Saint-Vincent de Paul, qui œuvrait avec moi dans les Yvelines dans les quartiers HLM de Sartrouville, elle me disait, alors que les scandales traversaient l’Église : « Eh bien quand il y a du vent, quand il y a de la tempête, qu’est-ce que l’on fait ? On s’abaisse au ras du sol. On devient humble ». Eh bien, c’est peut-être cette humilité qu’il nous faut sans cesse rechercher, et ne pas attendre les scandales pour être humble. Peut-être simplement reconnaître que nous sommes dépendants. Notre monde prône l’autonomie, l’indépendance, la toute-puissance alors qu’il nous faut simplement, frères et sœurs, consentir à la dépendance. J’ai bien conscience, chers frères et sœurs malades, que ce consentement est rude, difficile quand nous ne pouvons plus nous mouvoir par nous-même, que nous avons besoin d’un autre. Mais ce que vous vivez dans votre chair, nous sommes tous appelés à le vivre. La dépendance envers Dieu : l’humilité. Cette dépendance, ici, Sainte Bernadette la vécue. Elle a choisi d’entendre ce que la Vierge Marie lui demandait de faire. Elle a choisi ce chemin d’humilité. Souvenez-vous lors de la huitième apparition, la Vierge Marie demande à Bernadette d’aller au fond de la grotte pour découvrir la source en creusant. Sur l’invitation de Marie, elle cherche à boire et elle se met de la terre sur le visage et tout le monde trouve se moque d’elle. Elle s’est comme humiliée.

 

L’humilité, c’est accepter de s’en remettre à un autre, ce qu’à fait Bernadette. Il y a là peut-être ici à Lourdes, un appel pour notre diocèse. Notre diocèse est modeste, notre diocèse est beau, notre diocèse est appelé à l’humilité. Nous ne pouvons pas avoir de grands projets mais nous pouvons avoir LE grand projet : celui de nous en remettre à Dieu. Celui de choisir la voie simple de la fraternité humaine en Dieu. L’humilité cette attitude fondamentale qui est ici vécue à Lourdes et que nous sommes appelés à vivre dans notre diocèse. Mais nous ne sommes pas humbles, si j’ose dire, pour être humble. Nous sommes humbles pour recevoir une force.

Cette force, c’est la grâce de Dieu. C’est ainsi que le même saint Pierre écrivait « c’est vraiment dans la grâce de Dieu que vous tenez ferme ». La grâce de Dieu c’est la force qui nous est donnée. Cette grâce, l’humilité nous permet de la recevoir car lorsque nous sommes tous puissants, nous n’avons pas besoin des autres, nous n’avons pas besoin de Dieu. Alors qu’en vivant les mains ouvertes en demandant de l’aide, Dieu peut se donner et la grâce peut être reçue. La grâce, elle ne se stocke pas. La grâce, elle coule sans cesse sur nous : notre seule mission est d’ouvrir les mains et notre cœur pour la recevoir. La grâce nous permet de tenir ferme parce que nous ne nous appuyons pas sur nos propres forces mais sur Dieu. Sainte Bernadette a fait aussi cette expérience : la Vierge Marie lui a demandé au tout début des apparitions : « Voulez-vous vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ? ». Faire la grâce, c’est accepter de suivre cette invitation de la Vierge Marie, c’est accepter de reconnaître que nous avons besoin de la grâce pour pouvoir simplement vivre notre foi. Ainsi, si nous vivons l’humilité, nous devenons capables d’accueillir la grâce, la force de Dieu. Très chers frères et sœurs malades, vous le savez plus que nous : vous êtes au milieu de nous des témoins, nous avons à être à votre école. Nous avons à transformer notre cœur prétendument tout-puissant en un cœur capable de recevoir la grâce de Dieu.

 

Une attitude, l’humilité ; une force, la grâce : pour la mission !

La mission, nous l’avons entendu à la fin de l’Évangile, c’est celle que Jésus a donnée aux apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamer l’Évangile à toute la Création ».  Ils n’étaient que 11 ! Ils ne savaient pas tous lire. Ils étaient de simples pécheurs. Ils n’étaient que 11 et ils ont annoncé l’Évangile au monde entier. Nous sommes 800 : 80 fois plus et nous n’avons pas à annoncer l’Évangile au monde entier mais aux habitants de la Mayenne, 330 000 : cela me semble jouable ! Mais pour cela, humilité et grâce !  Pour cela, il nous faut puiser dans la force de Dieu pour pouvoir à notre tour proclamer et témoigner. Parmi nous, certains sont plus portés à témoigner par leur vie, leur façon d’être et ont, peut-être, un peu plus de mal à dire la foi en Jésus Christ. Certains, peut-être moins nombreux, voudraient proclamer l’Évangile en omettant le témoignage de vie. Il nous faut tenir les deux. Il nous faut tenir l’annonce explicite de la foi et le témoignage par notre vie. Une fois encore, Bernadette est une belle image de cela. Bernadette, lorsqu’elle a annoncé ce qu’elle voyait, a pu dire : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire ». Très chers frères et sœurs nous sommes chargés de dire notre foi, de la dire à temps et à contre-temps. Nous ne sommes pas chargés de convaincre à la force du poignet. Nous sommes chargés de vivre de la foi et d’en témoigner par la parole. Une nouvelle fois, avec Bernadette, nous avons un exemple à suivre.

Ce qui est vrai pour Bernadette est certainement vrai de notre expérience à Lourdes. Certains parmi nous viennent pour la première fois à Lourdes et j’espère que vous avez pu recevoir, de vos yeux, de vos oreilles et j’allais dire de vos mains, le témoignage de Lourdes. Ici, le signe qui est donné, c’est que les malades se trouvent bien. Et vous l’avez entendu dans l’Évangile, c’est le dernier signe que Jésus donne, c’est à dire comme le plus important. Il y a comme un crescendo : « et les malades s’en trouveront bien ». Ici à Lourdes, nous goûtons la joie de la fraternité en Dieu. Ici, nous pouvons parler de Dieu. Mais ce qui est réalisable ici est certainement réalisable dans notre beau diocèse de la Mayenne. Alors puisons. Puisons des forces non pas pour stocker, puisons des forces en étant humble, à l’école de Bernadette et à l’école de nos frères et sœurs malades pour que la force de Dieu puisse se déverser sur nous ici et dans notre diocèse afin que nous puissions, à la suite des apôtres, continuer l’annonce de l’Évangile. Telle est ma prière, telle est celle que je vous confie et celle qui m’amène à avoir une grande confiance. Amen.

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