Conférence de Monseigneur Matthieu Dupont sur la fin de vie
La question de la fin de vie est un sujet complexe, rendu d’autant plus prégnant par les récents événements politiques. Bien que le projet de loi sur la fin de vie ait été annulé suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, cette période offre une occasion précieuse d’approfondir les enjeux entourant ce thème. Il est essentiel de se rappeler que la culture précède souvent le politique, influençant et étant influencée par les décisions politiques. Ainsi, la réflexion sur la fin de vie doit avant tout être culturelle, intégrant les valeurs de l’Évangile dans la société actuelle.
3 approches de la fin de vie
Pour aborder les divers aspects de la fin de vie, une triple approche semble pertinente : une vie finalisée et ouverte, une vie sauvée et fraternelle, et une vie libre et digne. Pour les chrétiens, la fin de vie est perçue comme un passage vers une existence éternelle, conférant à la vie humaine une finalité qui transcende la mort. Le pape François, dans « Dignitas Infinita », souligne que chaque être humain possède une dignité inaliénable et intrinsèque dès le début de son existence. Cette dignité doit être librement et responsablement exprimée pour atteindre son plein accomplissement, même en fin de vie.
1) La dimension relationnelle de l'humanité
L’être humain est par nature un être de relation, comme indiqué dans la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image ; à l’image de Dieu, il le créa ; il les créa homme et femme. » Cette dimension relationnelle est essentielle pour aborder la fin de vie. La souffrance due à l’exclusion et à la solitude, particulièrement ressentie dans les hôpitaux et EHPAD, met en lumière l’importance des relations humaines. Hans Urs von Balthasar parle d’un « appel à la communion » inscrit en chaque être humain, manifesté à travers trois relations : homme-femme, corps-âme, et individu-société.
2) La dignité humaine
Garantir que la dignité humaine soit pleinement respectée et honorée est crucial. La dignité humaine, rappelée par le pape François, est inaliénable et intrinsèque. En fin de vie, il est essentiel de reconnaître cette dignité pour assurer une transition digne et respectueuse. Boèce décrit l’être humain comme une « substance individuelle de nature rationnelle », soulignant l’unicité et la dignité intrinsèque de chaque personne.
3) Perspective chrétienne de la fin de vie
La foi chrétienne voit la vie sur terre comme une préparation à la vie éternelle. Les dix commandements, donnés par Dieu, révèlent notre humanité et structurent la vie en société, avec des commandements négatifs comme « Tu ne tueras pas », préservant la vie en société. Autoriser le suicide assisté ou l’euthanasie introduit un biais dans ce contrat social, remettant en question les fondements de la coexistence sociale.
La fraternité et le bien commun jusqu’à la mort
Il est crucial de susciter un sursaut humain pour interroger, accueillir et accompagner les moments dramatiques de la vie, notamment la mort, de façon humaine. Le pape François, dans « Fratelli Tutti », appelle à prendre soin des plus fragiles, mêlant force et tendresse contre la « culture du déchet ». La dignité humaine, antérieure à toute reconnaissance, doit être préservée jusqu’à la fin de vie, sans acharnement thérapeutique.