Et moi, comment je vis l’Avent personnellement ?

Nous avons tendance à souvent présenter l’Avent vécu en famille avec la crèche, les illuminations… Mais finalement, personnellement, comment vivons-nous l’Avent intérieurement, au milieu des trépidations de notre vie professionnelle, familiale, associative… ? Nous avons posé cette question à de nombreux paroissiens et prêtres. Témoignages :

Comment je vis l’Avent entre les trépidations de la vie professionnelle, les enfants et les engagements bénévoles ?

Chaque année, on recommence le festival du mois de décembre : boulot, assos, l’Avent en paroisse, sapin, crèche, l’Avent des enfants, les goûters de Noël de chaque associations, les cadeaux à la famille, aux amis… De quoi oublier cette question : comment je prends le temps, personnellement, de vivre l’Avent, en cœur à cœur avec le Seigneur ?

 

Pour Benoît, chef d’entreprise, père de famille et engagé prend le temps de nous livrer son témoignage :

 

 « C’est être à l’écoute c’est-à-dire à l’écoute des demandes qui me sont faites autour de moi. Pour moi, le Seigneur est dans chacun de nous. Dans la paroisse, on fait les parrains d’Avent et donc je prie pour un paroissien, qui est tout petit puisqu’il n’a même pas 2 ans. Alors je prie pour ce paroissien tout le temps d’Avent et je sais que quelqu’un d’autre dans la paroisse prie pour moi. J’aime beaucoup cette prière un peu secrète ou discrète.

[…] Je me pose aussi la question : d’où me vient cette joie de l’Avent ? J’aime vraiment les surprises. J’aime attendre. En fait, une fois que la chose arrive, on n’a plus rien, on a goûté le fait qu’on l’ait attendu mais cette attente, pour moi, est vraiment belle. C’est l’exemple de Marie qui a attendu Jésus, de chaque maman qui attend son enfant, ou de celui qui attend avec sa femme cet enfant. J’aime beaucoup ce temps de l’Avent où rien n’est révélé. On l’attend et puis chaque Noël est bien différent, en fonction de de ce que l’on a pu vivre dans l’année : nos joies, nos peines, quand on arrive à des moments de grande joie, et bien on peut faire une lecture de tout ce qui s’est passé, en difficultés et en joies, et on vient offrir aux pieds du Seigneur toutes ces joies et toutes ces peines. »

Christine, mère de famille nombreuse et bénévole témoigne :

 

« Pour vivre cet Avent, je recentre ma prière, j’essaie d’être plus en profondeur dans mes échanges, plus attentive à l’autre, plus rayonnante de cette joie : Jésus est descendu du Ciel, pour nous, pour moi, pour mes péchés. Il est venu nous sauver, mais aussi chacun, individuellement, puisque « Bien plus, vos cheveux même sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez mieux qu’une multitude de passereaux » (Luc 12,7). C’est vertigineux !! Dans notre paroisse, nous faisons Parrains d’Avent. J’y participe. Cela permet d’ouvrir ma prière à quelqu’un que je ne connais pas forcément et je la porte pendant tout ce temps de l’Avent jusqu’à l’Epiphanie dans ma prière. Cela crée des liens particuliers avec mes « anciens filleuls », au fil des années. La confession fait aussi partie de ma préparation. Je prépare aussi bien sûr ma maison. Toutes ces décorations peuvent paraître superficielles mais je prépare ma maison à la venue de notre Sauveur :  ma maison doit être belle et accueillante ! Elle exprime la joie que j’ai dans mon cœur. J’essaie de retrouver la joie de l’enfant, cette joie simple et gratuite qui n’attend rien en retour»

Comment je vis l’Avent personnellement en tant que prêtre ?

Nos prêtres sont bien sollicités chaque Avent : les célébrations dans les écoles, les collèges, les EHPAD se multiplient pour maintenir la spiritualité de Noël au milieu du déluge commercial. Charge à eux de veiller à notre croissance spirituelle pendant ce début d’année liturgique et d’élever nos âmes à l’accueil du Prince de la Paix, au milieu des tracas très concrets du chauffage de l’église et des cadeaux à faire pour leurs familles et amis. Alors, s’est-on déjà demandé comment ils ont le temps de vivre, personnellement, l’Avent ? Deux prêtres du diocèse ont répondu à nos questions : 

 

« L’Avent, c’est comme un tunnel ! » témoigne un prêtre, mime à l’appui. Sollicité de toutes parts, pour sa plus grande joie, pour les célébrations de l’Avent ou de Noël, dans les écoles et les EHPAD, ce prêtre dit bien qu’il faut choisir de vivre l’Avent, sous peine de voir arriver à la Nativité sans avoir pu se préparer intérieurement à l’accueillir. Des gestes très concrets lui permettent d’entrer dans la démarche : faire sa crèche pour aider visuellement dès le premier jour de l’Avent, changer de volume de bréviaire pour la nouvelle année liturgique, et choisir une lecture spirituelle pour l’accompagner tout au long ce temps d’attente. Enfin, s’entraider dans la prière entre frères prêtres, comme certaines fraternités de prêtres qui fleurissent dans le Diocèse. Enfin, nos prêtres savent bien utiliser les nombreuses applis mobiles qui proposent de riches parcours d’Avent !

Un autre confrère prêtre vit l’Avent comme un temps privilégié de rencontres : 11 écoles et autant de célébrations, de moments de catéchèse avec les enfants et de moments festifs qui le nourrissent dans l’attente de la venue du Sauveur. Il ne prend pas de résolution d’Avent mais se rend disponible et se nourrit de la vraie joie au confessionnal. Ce qui le façonne, c’est de prier avec les enfants, les personnes âgées, ceux et celle qui le sollicitent. Son temps personnel de l’Avent prend sa place dès l’oraison du matin devant la crèche du presbytère avec cette question : Quelle espérance annonçons-nous et vivons-nous ? Plus concrètement, en communauté de prêtres, ces derniers s’entraident pour les 4 homélies de l’Avent qu’ils déclinent sur le thème de l’espérance cette année car espérer, c’est être prophète.

Comment je vis l'Avent dans les trépidations de ma vie professionnelle ?

En cette période chargée de fin décembre, proche des clôtures d’exercice fiscal et autres tâches administratives, peu de témoignages ont pu nous parvenir. Merci à ces paroissiens d’avoir pris le temps de nous livrer ces témoignages : 

 

« Cette année, ce temps de l’Avent constitue un véritable temps d’attente marqué par de fortes turbulences professionnelles et de gros combats. En parallèle, j’expérimente un abandon nouveau, une confiance renouvelée dans le Seigneur et je sens grandir en moi une paix intérieure. Ce temps de l’Avent devient un temps de veille, de prière, de communion avec les Saints particulièrement avec Saint Joseph. Ce temps est aussi un temps d’action de grâce pour les sentinelles qui veillent sur moi. Merci à elles !« 

M., chef d’entreprise, me glisse à l’oreille : « Tu sais, ta question m’a fait réaliser que je ne suis pas encore entré dans l’Avent ! Elle m’a permis de décider que mon créneau d’adoration du Saint-Sacrement hebdomadaire serait consacré à ce temps privilégié de l’attente et de l’accueil du Sauveur. »

D’autres ont la chance d’avoir un conseiller spirituel ou un groupe de professionnels croyants pour garder le cap spirituel face aux enjeux de la vie professionnelle.

Comment peut-on vivre l’Avent en EHPAD ou en milieu hospitalier ?

Les équipes d’aumôniers témoignent d’une vraie volonté des équipes soignantes d’instaurer un climat de Noël dans les services auprès des personnes malades et des personnes âgées. Cependant, malgré cette joie un peu « imposée » de Noël, il est délicat d’aborder la notion d’Avent et de la venue du Christ auprès des personnes visitées, souvent esseulées et éprouvées par la vie. Les équipes d’aumôniers vont alors se soutenir par des temps forts particuliers pendant l’Avent et proposer des prières aux personnes visitées, pour propager, malgré tout, l’amour du Christ.

Comment peut-on vivre l’Avent en milieu carcéral ?

Une question qui pourrait paraître malvenue dans ce milieu comme hors du temps, à l’écart du monde. Difficile d’arriver dès le 1er décembre pour annoncer un temps fort de l’Avent à cette population abîmée, en attente de jugement ou en application de peines. Pour la plupart, Dieu leur semble bien loin d’eux. La souffrance, la misère, les addictions, la violence du monde et de leur cœur développent prioritairement un rejet du Seigneur. La priorité des aumôniers est alors de beaucoup écouter, d’accueillir, sans aucun jugement, et de trouver le juste moment pour leur rappeler : « Dieu t’aime tel que tu es. Dieu n’est pas Celui que tu penses : Il s’est fait le plus petit d’entre nous et s’est laissé mettre en croix : la mort du renégat, pour nous sauver tous, sans condition. »

 

La visite aux prisonniers vient nous rappeler que personne ne peut se considérer comme indigne d’être aimé de Dieu, qu’il n’y a aucun risque à se laisser aimer par Lui et que l’on peut oser cette prière : « Ô mon Dieu, Viens me prouver que Tu existes. » Ces visites d’aumônier sont très attendues. En effet ; les 3 aumôniers diocésains se rendent à la Maison d’arrête ½ journée chacun par semaine et proposent 3 dimanches par mois une célébration en l’absence de prêtre le dimanche, à laquelle une vingtaine de détenus se rendent.

Plus concrètement, le service d’aumônerie des prisons vient d’achever un partenariat avec la paroisse Notre-Dame de Charné pour l’Avent 2023 qui en dit quelques mots dans son bulletin paroissial :

 

« Depuis le début de l’année liturgique, un parrainage s’est établi entre la Maison d’Arrêt de Laval et notre paroisse. Après une présentation du projet à l’équipe pastorale par les aumôniers de prisons Eric PETIT – laïc, responsable de l’équipe., Gonzague LE NAIL – laïc et Dominique LELIEVRE, diacre , plusieurs moments forts et diverses actions ont ponctué cette année : le visionnage de films, une rencontre avec les aumôniers de prisons, la messe pascale vécue par Christine et Joël, les différents gestes accomplis par les uns et les autres : apport de fleurs pour les célébrations, dons de bibles, de chapelets, bulletins de la paroisse, colis de Noël et de Pâques… et aussi les prières personnelles , les intentions de prières universelles … Pour les prisonniers, ce parrainage est important car c’est une façon d’être en lien avec l’extérieur. Ils ont apprécié ces moments où Dominique leur partageait ce qu’il vivait en paroisse : intentions de prières, chants de la messe, célébration de baptêmes… »

Comment je vis l’Avent célibataire ?

L’Avent, et la préparation de Noël qui l’accompagne, pourrait parfois accroître un sentiment de solitude, quand le discours ambiant est axé sur les joies de la famille, les enfants, Marie et Joseph qui attendent leur bébé. Lorsqu’on vit au quotidien l’attente de rencontrer celui ou celle avec qui l’on va passer sa vie, l’attente de « trouver » sa vocation, comment peut-on vivre l’Avent personnellement, dans l’espérance ?

 

Ségolène raconte que l’Avent est un tiraillement entre l’attente dans l’espérance de la venue du Christ et l’espérance bien terrestre de rencontrer son mari, de trouver sa vocation profonde, malgré un métier dans lequel elle s’épanouit. Décembre nous rappelle que la fin de l’année est proche, le bilan de la période écoulée se fait sentir, avec ses joies, ses espoirs, ses déceptions. Au lieu de « subir » cette attente, elle a décidé de rejoindre une fraternité de sa paroisse, pour vivre un Avent communautaire, qui la décentre d’elle-même et l’ouvre au monde. Elle se sent soutenue par la prière des frères et se sent plus à l’écoute de ce que le Seigneur a à lui dire.

En somme, force est de constater, à l’instar des homélies dominicales, que vivre l’Avent comme un temps de conversion, résulte d’un choix et d’une ferme résolution. Pour préparer mon cœur à la venue du Prince de la Paix, quelle résolution prendrez-vous aujourd’hui ?

Un grand merci à tous les contributeurs qui ont bien voulu donner du temps pour cet article !

 

Bel et Saint Avent à tous. 

Merci d’avoir lu cet article.

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