[Aumônerie des prisons] Une présence d’Eglise

Mercredi 25 décembre, Monseigneur Matthieu Dupont est allé célébrer Noël à la Maison d’arrêt de Laval

Vivre Noël à la Maison d’arrêt de Laval

Dans la petite chapelle aménagée pour l’occasion au sein de l’établissement pénitentiaire, les détenus sont venus nombreux pour participer à la messe de Noël. 

Le rôle central des aumôniers des prisons

Si cet événement a pu avoir lieu, c’est grâce au travail quotidien des aumôniers des prisons. Présents toute l’année, ces bénévoles ont pour mission d’être une présence d’Eglise dans les milieux carcéraux. Leur rôle ne se limite pas à l’organisation de messes ou de temps de prière ; ils accompagnent les prisonniers dans leurs réflexions personnelles, leurs questionnements.

Noël, avec son message de paix et d’espérance, est une belle occasion de renforcer ce lien. A cette occasion, Monseigneur Matthieu Dupont est venu célébrer la messe avec les détenus et les bénévoles de l’aumônerie des prisons de notre diocèse. Pour les détenus, la venue de l’évêque est un signe fort : l’Église ne les oublie pas. Pour Monseigneur Dupont, c’est un acte de présence qui témoigne de la mission pastorale de l’Église, même dans les lieux les plus fermés.

Un message d’espérance

Lors de la messe de Noël célébrée à la Maison d’arrêt de Laval, Monseigneur Matthieu Dupont a offert un message profond d’espérance en s’appuyant sur les mots du prophète Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. ».

Dans son homélie, il a invité les détenus à contempler deux signes de Noël : le soleil et l’enfant-Jésus, comme symboles de lumière, de chaleur et de guide. Il a expliqué que le soleil éclaire, réchauffe et oriente, tout comme le Christ, incarné dans la fragilité d’un enfant, illumine nos vies, réchauffe nos cœurs par sa tendresse et guide nos pas.

En se penchant sur la vulnérabilité de l’enfant de la crèche, Monseigneur Matthieu Dupont a souligné que cette fragilité reflète la nôtre, nous appelant à accepter nos limites tout en puisant force et réconfort en Dieu. Il a encouragé chacun à recevoir cet enfant dans son cœur, à lui faire confiance et à se laisser transformer par sa lumière.

Homélie de Monseigneur Matthieu Dupont

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».

 

Ce sont les premiers mots de la première lecture tirée du Livre du Prophète Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. ». Quelle est cette lumière ? Quelle est notre lumière ? Un enfant, la source de notre Espérance.

 

Appliquons-nous à considérer les deux signes qui nous sont offert en ce matin de Noël : le soleil et un enfant, pour accueillir notre Espérance.

 

Le soleil, nous pouvons l’apercevoir, parfois un peu caché. Mais, c’est bien de lui que le prophète Isaïe parle : cette grande lumière qui apparaît lorsque les ténèbres disparaissent. La nuit fait place au jour lorsque le soleil se lève. Que réalise le soleil pour nous ? D’abord, il nous éclaire. Nous avons certes ces lumières artificielles, mais lorsqu’il fait jour, le soleil nous apporte la lumière. Ensuite, y compris en ce temps d’hiver, le soleil nous réchauffe. La chaleur irradie du soleil jusqu’à nous. Enfin, le soleil nous guide. Il nous permet de nous orienter. Par lui, nous pouvons nous repérer dans le temps et dans l’espace. Ainsi, le soleil éclaire, réchauffe et guide. Lorsque Isaïe proclame qu’une grande lumière s’est levée sur le peuple, cette lumière éclaire, réchauffe et guide.

 

Ce matin, nous ne sommes pas devant le soleil. Nous sommes devant un enfant, un nourrisson dans les bras de Marie, dans la crèche. Notre soleil, aujourd’hui, c’est cet enfant, et nous savons que cet enfant est Dieu lui-même. Si le soleil éclaire, réchauffe et guide, cet enfant fait de même pour nous. Dans sa vulnérabilité, dans sa fragilité, il nous éclaire. Un enfant est fragile et pauvre. Nous sommes aussi fragiles et pauvres. La fragilité de cet enfant éclaire notre fragilité selon la volonté de Dieu. Un enfant est affectueux, câlin. Un enfant partage une tendresse qui nous réchauffe le cœur. Faisons mémoire de cette tendresse qui réchauffe et que l’Enfant-Jésus, nous offre en ce matin de Noël. Ainsi, l’Enfant-Jésus éclaire notre fragilité par sa fragilité. L’Enfant-Jésus nous réchauffe le cœur par sa tendresse divine. Tout enfant nous guide, car un enfant grandit, croit selon sa nature, devenant enfant, adolescent, adulte. Nous sommes encore appelés à grandir : même si nous sommes parvenus à l’âge adulte, nous avons toujours à croître. Ainsi, l’Enfant-Jésus est notre soleil. Il éclaire notre fragilité, il réchauffe nos cœurs et il nous guide par sa croissance, il donne un sens à notre vie. Tel est aussi le signe de Noël. Dieu a choisi d’assumer notre humanité de devenir l’un de nous. Jésus, le Fils de Dieu fait homme, a eu l’âge d’un grand nombre parmi nous pour se faire proche de nous.

 

Là est notre Espérance. Notre espérance se révèle en cet enfant. Sommes-nous disposés à recevoir la fragilité de cet enfant pour oser regarder la nôtre ? Consentons-nous d’avoir besoin de Dieu. Dans l’Évangile, les anges chantaient « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime. » Nous avons besoin de Dieu, nous avons besoin de le louer, de l’appeler chaque matin, en traçant sur nous le signe de la croix, chaque soir, avant de nous coucher, en faisant de même, en nous confiant à Dieu. Ainsi, très chers frères, il nous faut décider intérieurement de suivre cet enfant. Cette décision est un combat à mener, car il n’est pas facile de choisir Dieu à chaque instant. Aujourd’hui, cet enfant nous dit « Je suis avec toi tous les jours ». Tous les jours, Dieu est avec nous, là est notre Espérance. Alors, très chers frères, ensemble, choisissons intérieurement de recevoir l’Enfant-Jésus, choisissons intérieurement de le laisser nous éclairer sur notre fragilité, choisissons intérieurement de le laisser nous réchauffer par sa tendresse et choisissons intérieurement de nous laisser guider, car il est celui qui nous montre le chemin.

 

Que nous puissions dans le secret de notre cœur nous laisser éclairer, réchauffer, guider par la présence de Dieu reçue dans sa Parole et, dans quelques instants, dans l’Eucharistie. Amen.

 

+ Matthieu DUPONT, le Jour de Noël 2024 à la Maison d’arrêt de Laval.

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