« Oh qu’c’est beau ! » Discours du P. Perdrix lors de l’ordination de Mgr Dupont.
Mgr Matthieu Dupont, 8 minutes pour vous présenter, sommairement et avec quelques touches d’humour, si vous me permettez, la beauté de l’Eglise de Laval que vous épousez par votre ordination épiscopale, aujourd’hui, et votre installation, demain, à la cathédrale de Laval. Votre anneau épiscopal en sera le signe. Mgr Thierry Scherrer, votre prédécesseur, 15e évêque de Laval, qui nous fait la grande joie d’être parmi nous, aura forgé en nous, durant 15 années, cette conviction de foi, selon laquelle la Mayenne est belle.
La Mayenne est belle en sa ruralité.
Le Seigneur vous conduit dans un pays de plaines, même si le nord du département est plus vallonné. Il culmine sur tout le massif armoricain à 417 mètres. On ose même parler « d’Alpes mancelles », dans la région de Pré-en-Pail ! La Mayenne est agréable à vivre avec ses rivières, avec ses forêts, avec ses habitants modérés. Jadis, terre de lin et de chanvres, désormais pays de bocage et d’élevage, de polyculture, d’artisanat, de commerce et d’industrie, d’innovation : pensons à l’emblématique Laval Virtual ! L’ensemble du département tire aussi parti du dynamisme de Laval et sa couronne.
Simplement, quelques chiffres, symboliques, du dynamisme socio-économique de la Mayenne : « Une industrie très présente (poids supérieur à la moyenne régionale) dominée par un secteur agro-alimentaire fort et porté par une agriculture de pointe ; des entreprises leader régional, national voire européen, mais surtout un tissu économique diversifié (plus de 27 000 entreprises et 126 500 salariés), donc moins sensible aux aléas et fluctuations ; un taux d’emploi féminin élevé (67,2%, soit le 3ème rang national), un taux de chômage faible (5,1 % au 3ème trimestre 2022) ». Nos handicaps…, il sera toujours temps de les découvrir !
Les sociologues aiment parler de ruralités au pluriel. Père Matthieu, je vous préviens tout de suite : on va vous parler du nord et du sud du département, comme si on parlait de Lille et de Marseille ! De fait, notre diocèse est rural, mais de plein de manières différentes. Notre identité mayennaise s’est progressivement affirmée, entre Normandie, Bretagne, Anjou, au sein de l’ancienne province du Maine regroupant aujourd’hui les départements de la Sarthe et de la Mayenne. Nous sommes réservés mais accueillants, « noblement besogneux », fiers de nos valeurs chrétiennes ancestrales.
Nos défauts.., il sera toujours temps de les découvrir !
L’Eglise de Laval est belle comme Marie est belle !
Les petits voyants de Pontmain en 1871 en voyant « la belle dame » s’écriaient : « Oh, qu’c’est beau ! Oh, qu’c’est beau ! ». Le diocèse de Laval prend ses origines dans le diocèse du Mans. Notre histoire sainte, c’est l’histoire de l’évangélisation dans le Maine, avec une succession de saints évêques du Mans depuis St Julien (4e s.) durant tout le 1er millénaire ; c’est la naissance des premières paroisses rurales ; c’est une 1e vague d’ermites-évangélisateurs, comme St Fraimbault et St Cénéré, aux 6e et 7e siècles ; c’est notre territoire qui se couvre d’églises paroissiales et d’abbayes, durant le Moyen-âge ; c’est la 2e vague d’ermites-évangélisateurs comme le bienheureux Robert d’Arbrissel, au 12e s., c’est la charité pour et avec les pauvres avec les figures du bienheureux Charles de Blois (14e s.) à l’hôpital de Mayenne et de la bienheureuse Marguerite d’Alençon (16e s.) à l’hôpital de Château-Gontier, prémisses des congrégations religieuses éducatives et caritatives, comme les sœurs de la charité ND d’Evron ; ce sont les 18 martyrs de 1794 : prêtres, religieuses, laïc. Une grande fierté de la Mayenne, c’est la visitation de Marie, à Pontmain, bien préparée par l’abbé Michel Guérin, 1er curé de Pontmain, « petit curé d’Ars » de chez nous : « Oh, qu’c’est beau ! Oh, qu’c’est beau ! ». Quand le diocèse de Laval fut créé en 1855, l’année suivant la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, il sera naturellement dédié à Marie, dans son mystère de l’Immaculée Conception.
Pas étonnant que l’Eglise qui est à Laval soit si belle, puisque comme certains théologiens l’affirment : « L’Eglise est pétrinienne et mariale ».
L’Eglise est pétrinienne (pétrinien vient de Pierre), c’est-à-dire fondée sur les apôtres et les successeurs des apôtres, en communion étroite avec Pierre et ses successeurs, aujourd’hui le pape François ; l’Eglise est pétrinienne, quand elle s’inscrit dans le temps des institutions et des ministères. Notre annuaire diocésain 2024 répertorie toute cette organisation diocésaine au service de la croissance du peuple de Dieu : curie diocésaine, conseils de l’évêque, enseignement catholique engagé dans la mixité sociale avec 40% des élèves scolarisés, services diocésains, 31 paroisses et 6 doyennés, un sanctuaire, 76 prêtres (diocésains, religieux, Fidei Donum, communauté St Martin), 2 séminaristes diocésains, 27 diacres, 80 laïcs missionnés. Autant de visages derrière ces institutions : « Oh, qu’c’est beau ! Oh, qu’c’est beau ! ». N’oublions pas que la Mayenne est fière d’avoir donné des évêques à l’Eglise, récemment Mgr Luc Meyer, mais aussi les cardinaux Jean de Cheverus (1768-1823) et Emmanuel Suhard (1874-1949)…Des évêques de Laval sont devenus cardinaux, Mgr Paul Richaud (1887-1968), Mgr Louis-Marie Billé (1938-2002)….
M… comme Mayenne. M… comme Marie ! L’Eglise est mariale quand elle est sainte, « pleine de grâce », rayonnante de charismes : la vie consacrée est encore bien présente en Mayenne, les mouvements apostoliques et les associations de fidèles laïcs apportent, eux aussi, leurs charismes particuliers. « Oh, qu’c’est beau ! Oh, qu’c’est beau ! ».
Pas étonnant que l’Eglise qui est à Laval soit si belle, quand elle est en même temps pétrinienne et mariale (votre ordination épiscopale en ce lieu en est un signe), quand elle accueille Vatican II et son synode diocésain de 2018-2021 comme une œuvre à poursuivre, c’est la priorité pastorale, quand elle dialogue avec la société et les autres religions, quand elle s’appuye sur la richesse d’un patrimoine culturel et religieux exceptionnel, quand elle traverse les difficultés du temps présent avec confiance et espérance : « Mais priez mes enfants. Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ». Vivons-nous dans un désert médical, religieux etc…ou serait-ce aussi un temps de transformation profonde, de germination lente ! Quand est-ce que le peuple de Dieu déploiera tous ces charismes !
M…comme Mayenne. « M… comme magnifique », dit le conseil départemental, dans une vidéo récente sur l’attractivité de la Mayenne. « Ce n’est pas Versailles, ici ! » Mais la Mayenne, c’est beau, aussi ! Tout le monde connaît le château de Versailles, mais sait-on que la Mayenne est « le 1er département des châteaux privés habités, en France » !
Père, je n’oublie pas que vous êtes pharmacien, nous vous en supplions, prenez soin de nous, nous prendrons soin de vous. Stimulez-nous afin qu’en équipe (je reprends votre image du stade lavallois, le jour de vos 1ers vœux au diocèse), nous soyons, tous ensemble, d’authentiques disciples-missionnaires pour notre temps, dans une Eglise toujours plus catéchuménale, synodale, diaconale et verte, comme la Mayenne.
Mgr, bienvenue chez vous !